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8 mai 2014

Randonnée en Alsace - 3 : Energie

Décollage, voyage


Horizon au réveil
Le soleil est venu ce matin porter sa lumière chaleureuse sur la montagne blanche. Seule la vallée au loin reste dissimulée par des nuages moutonneux.

Retrouvailles avec Diamante ce matin pour bien vite pénétrer dans la forêt. La neige bruisse et chuinte sous les pas des chevaux, tandis que les arbres laissent tomber leur couverture hivernale en une pluie qui chante une douce mélopée. Étrange cette forêt qui pleure tandis que le soleil vient la caresser.

Chaque jour, la forêt d’Alsace semble avoir un nouveau conte à révéler. Joueuse, elle tend sur notre passage branches dénudées ou foison d’aiguilles, toutes couvertes d’un froid manteau prêt à nous arroser. Mais déjà nous la prenons de vitesse d’un trot régulier, pour descendre sous la limite où la neige s’est arrêtée.


Forêt enneigée


Ici, la forêt s’ouvre sur une pente accentuée, et si nous n’avons pas de parapente pour décoller, nous avons nos chevaux pour nous porter vers la liberté, et nos yeux pour admirer. Les montagnes se dressent face à nous pour affirmer leur majesté, et les silhouettes des châteaux se découpent sur leurs cimes comme pour les couronner. Séance photo obligée, même les chevaux se prêtent à poser.


Monts d'Alsace

Comme un clin d’œil à d’autres souvenirs de randonnées, image du peuple cavalier, une yourte se dresse ici au coin d’un pré. Au pas des chevaux, nous croisons les randonneurs à pied que le beau temps a attirés. Là, la forêt cède comme à regret, et pour un fugace instant, la place à des pâtures saupoudrées de blanc. Au loin, la mer de la plaine d’Alsace s’offre au regard de qui veut bien l’admirer sous son manteau doré.



Mais déjà, les chevaux lancent leur énergie face à la montée qui nous mène de nouveau dans les bras de notre amie sylvicole. Comme un cadeau pour notre retour à l’abri, une douce montée d’un blanc protégé nous tend les bras pour un long galop rythmé et offre le sourire aux cavaliers.

Chemin sinueux, rochers cachés, branches basses, feuilles d’automne glissantes dissimulées sous la neige, boue épaisse et collante, rien n’effraie nos monture dans le chemin du retour. Elles nous offrent même la preuve de leur envie de continuer lorsque de petits galops se proposent.

Ce midi, une choucroute bien épicée comme un rappel du pays qui nous accueille, curieux et vif, mais c’est la générosité des paroles et des rires qui réchauffe le plus le cœur.


Pour finir en beauté, cet après-midi, Marco et son dynamique Bamboleo vont nous guider. L’occasion pour Kinto de me révéler enfin ses trésors cachés. Longue descente à travers les bois, il faut se faufiler le long des troncs pour éviter les flaques que les chevaux ne semblent pas apprécier. On joue aux zigzags entre les arbres là où la pente est trop marquée, et à retenir nos fougueuses montures là où la fonte des neiges et le retour anticipé du printemps ont rendu le terrain trop épais. Je me faufile à l’avant, et nous sommes bientôt seuls dans l’harmonie de la forêt, tant le pas de Kinto me pousse et m’entraine. Petit cheval infatigable, qui me mène vers ailleurs. Pas qui pulse et qui donne, incontrôlé et naturel, généreux et enivrant, régulier et puissant. Bientôt, le premier galop au détour d’un tournant soulève cette même énergie.

Lorsque la forêt s’efface, elle livre un nouveau paysage jusqu’alors inconnu. Grand espace vallonné couvert d’arbres solitaires et dépouillés pour l’hiver. Autour de nous les montagnes, territoires réclamés par les verts sapins désordonnés et leurs tristes homologues dénudés.



Face à nous, le mont Saint Jean, dôme retourné, prairie gris-verte d’un côté, quelques arbres pour le border et sommet envahi par les broussailles. Nous pouvons le contourner, puis la surprise est qu’il faut l’escalader. Chevaux excités, la broussaille cache une petite allée où les fauves sont lâchés. Vitesse du TGV, liberté, paysage à couper le souffle devant, derrière, sur les côtés, puissance d’un galop effréné, regard qui rêve, corps qui s’envole, toujours plus vite, tout est donné, rien à contrôler, juste respirer, admirer, profiter. Incroyable galop au sommet. Kinto a tout donné, quelle rapidité !

Mais déjà il faut redescendre, graver dans son cœur le mont du bonheur au milieu du ciel et son allure folle. Au calme, trop puis petit galop aspirent les distances au dessus des champs et maisons de la vallée. Petite rencontre avec les Islandais, déjà dépassés. Petite pause aussi, pour donner à chacun le temps de savourer… l’herbe pour les chevaux, l’instant présent pour les cavaliers.

Du haut du Mont Saint Jean
Allée de pierres et de cailloux, pas de quoi effrayer nos chevaux. Un dernier galop pour tout donner. C’est la course, et Mektoub ne se laissera pas dépasser. Et ce n’est pas la faute d’essayer, lancés à pleine vitesse. L’incroyable vitesse de ces chevaux du désert est alors pleinement dévoilée, kilomètres avalés, toute la puissance déclenchée, et à peine fatigués. Et si les chevaux sont trempés, ils ont bien vite récupéré en marchant dans la carrière et semblent prêts à y retourner. Les minutes passent avant que ceux qui nous suivent nous rejoignent, comme pour affirmer la supériorité de ces purs-sangs, et leur rapidité innée.



Dernières foulées avant de se quitter, un bretzel local dans la maison de bois, et déjà je laisse la forêt d’Alsace derrière moi. La nuit vient recouvrir ces monts enchantés de son manteau de ténèbres protecteur, comme pour en abriter encore les beaux secrets.



Merci à mes collègues et mes parents pour ce magnifique cadeau, et à bientôt pour un nouveau récit de randonnée à cheval.

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