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24 avril 2014

Randonnée en Alsace - 1 : Forêt secrète

Février 2014: un petit week-end prolongé en Alsace. 3 jours pour découvrir les Vosges alsaciennes du dos d'un cheval et peut-être goûter aux joies de la neige...


En route vers l’Alsace


Départ de la plaine champenoise vers un nouveau paysage. Le train me mène à grande vitesse, mais déjà la nuit nous rattrape. C’est le son rythmé des roues de ce cheval de fer qui souligne mon départ… Ce départ qu’est l’arrivée dans cette petite gare nichée sur les flancs de la montagne alsacienne. « Nous allons là-haut », déclare Michel en m’accueillant, en désignant vers le ciel de la nuit. Bien vite, les virages suffisent à m’amener ailleurs, là-haut au milieu des arbres. Et si l’endroit semble se perdre dans les brumes de l’hiver, l’accueil généreux de Marco et Jessica vient me réchauffer. Vin blanc (d’Alsace !) pour l’apéro et repas copieux, discussions animées et rires, histoires et anecdotes en vidéo,… Un envie d’être à demain, et un lit douillet bienvenu…


Rencontre avec la forêt



Ce matin, le soleil s’est levé… Enfin, je crois, puisque le nuage nous entoure et nous isole dans un autre monde. Le petit-déjeuner m’attend, bien au chaud dans la maison sur la montagne.

Rencontre avec les chevaux, dans une écurie tout de bois, où les rondins semblent sortir du sol pour venir soutenir le plafond et entourer chaque animal dans son cocon personnel. Il faut laisser parler son cœur, et aller vers ce cheval qui nous appelle. Il a raison Michel, la spontanéité mène vers un bel accord.

Puis nous partons avec Jess dans une promenade qui nous mène à l’écoute du chant de la forêt.



Le chemin s’enfonce entre les arbres parés de leur tenue hivernale. La brume nous entoure d’un cocon, et aide la forêt à préserver ses secrets. Si déjà le printemps semble se préparer, la neige résiste parfois au détour d’un chemin. Elle croque alors sous les pas bondissants de mon petit Diamante espagnol. Déjà, celui-ci partage sa joie et son énergie avec sa cavalière, dès que le chemin lui en offre l’occasion.

Brume qui apaise, vent qui souffle et fait chanter les arbres. Moment de pause, ciel gris qui s’impose. C’est le chemin qui attire nos montures que nous suivrons, celui que leur instinct infaillible indique comme celui de l’écurie. Bonne idée. Bientôt, grêle neigeuse qui s’abat en chuchotant, sifflant et murmurant. Voici un manteau blanc. Course rythmée des sabots résonnants en trois temps. Vent qui souffle, cingle et siffle. Sourire élargi, visage refroidi.



A l’abri dans la maison de bois, nous voilà. Repos, repas chaleureux. Il est temps pour ce nuage de partir vers d’autres horizons, et de libérer le nôtre. La montagne survole la plaine au loin, dans la forêt qui lui offre un bel écrin. Regard qui plonge enfin vers cet espace révélé, regard qui se faufile entre les troncs pour tenter de percer les secrets dissimulés, regard qui porte vers les couleurs aux nuances de l’hiver sur les monts alentour.

Voici l’après-midi, nous partons en expédition de reconnaissance. La descente est rude, mais ne semble pas déranger nos montures aguerries, à l’aise même au milieu des sapins et des grumes. Le chant de la cascade de la Serva nous accompagne. Essai de piste, test de chemins : nous irons à pied pour initier cette belle descente. Il faut surveiller où poser pieds et sabots pour ne pas se heurter les uns les autres et surtout éviter d’arriver en bas plus vite que souhaité. Plus loin, un tronc couché. Marad joue sa tête de mule et refuse longtemps de franchir cet obstacle ridicule. Voudrait-il me tester ? Les troncs couchés semblent avoir choisi ce chemin pour se retrouver. Deux d’entre eux nous lancent un défi : trop haut pour passer au dessus, trop bas pour nous faufiler dessous, pente trop raide au dessus du chemin, trop raide en dessous. Mais notre exploration obstinée nous révèle un chemin caché plus haut.

La piste s’offre alors à nous, à l’ombre des hauts troncs de ces feuillus parés pour l’hiver. L’autre versant est baigné de soleil. Ecureuil vif entraperçu entre les branches. Petite traversée d’un village, et puis c’est « jeu de piste » : trouver les triangles rouges qui indiquent notre chemin. Ceux-ci sont parfois bien cachés, semblent parfois emprunter des chemins impossibles, et nous conduisent dans le silence de la forêt. Seul le pas des chevaux, le cling soudain d’un sabot sur la roche et les gémissements du cuir ponctuent notre voyage.

La forêt semble retenir le passé. Ici, le murmure d’un torrent nous accueille dans ce sous-bois humide, où la mousse qui couvre les rochers semble propice à cacher fées et lutins. Mais ce morceau de féerie n’aime pas se révéler, et il court bien vite se dissimuler. Chemin à trouver, triangles joueurs, forêt réservée, solitude à plusieurs, animal entraperçu, calme reposant, champignon de bois imposant, long voyage,…

Sortie de forêt, la neige a trouvé un sol où se loger, long galop tant attendu. Cheval qui s’enfonce dans les congères, il faut lever les pieds ! Déjà le soleil tire sa révérence, pour nous laisser un peu rêveuses. Espace découvert, quelques arbres dépouillés semés aux quatre vents, plaques de neige acharnées, face à ces montagnes découpées dans le clair ciel irisé, vent qui caresse et porte le temps. Instant éternel, instantané, magie incomprise par cette nature donnée.


Dans le soir tombant, trot dans la neige, rencontre des pistes de skis, plus souvent déjà retournées à la terre, mais que parfois la dameuse s’escrime à sauver. Retour à la nuit de cette longue randonnée. Et vrai raclette pour conclure cette journée, avec la belle meule entière de fromage qu’il a pourtant fallu couper, pour le plus grand plaisir de nos palais.


A suivre par ici...

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