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1 décembre 2018

Matériel équestre: avez-vous peur de vos outils?

1.12.18 0 Petits Mots
Avez-vous peur du matériel équestre? Oui, vraiment, je vous pose la question: avez-vous peur des outils que vous utilisez ou pourriez utiliser avec vos chevaux? Non, cette question n'est pas si stupide qu'il n'y parait au premier abord, et la réponse n'est pas si évidente.

Réfléchissons à cette question autrement. Avez-vous parfois dit ou pensé " je n'utilise pas de mors/chambrière/éperons/cordelette/selle/bride/cravache/bombe/enrênements/licol corde... parce que cela fait mal à mon cheval/lui fait peur/est dangereux/je n'aime pas ça/est inutile" (rayer les mentions inutiles). Si vous avez répondu oui à cette question, il est possible que vous ayez peur du matériel cité, et que vous (vous) cachiez cette peur sous d'autres arguments.


Ce qui m'interroge souvent, c'est le choix d'utiliser ou non un mors. De nombreux cavaliers de loisirs s'enorgueillissent de ne pas utiliser cet outil de torture qu'est le mors, non ça jamais. Mais alors, tous nos grands cavaliers de l'équitation de tradition française auraient été si mauvais avec leurs chevaux? Ou bien l'argument de ne pas faire mal ne viendrait-il pas souvent d'une peur de mal faire? Est-ce que nous justifions cette peur que nous avons de mal utiliser un simple outil en le diabolisant et le rendant coupable de tous les maux? Bien sûr que le mors a des inconvénients, mais c'est aussi le cas des ennasures. Il suffit d'observer un crâne de cheval pour s'inquiéter de ce qu'on posera sur cet os si fin, tout comme on peut s'inquiéter de la sensibilité d'une bouche. Je préfère de loin un mors simple et doux à un hackamore bien plus agressif (mais dire qu'un outil est agressif, c'est déjà exprimer une forme de peur de cet outil en lui donnant des attributs humains).

Moi, j'utilise aussi cet autre outil bien mal compris qu'est la récompense alimentaire. Car oui, dès lors qu'elle est utilisée dans l'apprentissage, je crois qu'on peut la considérer comme un outil. Un outil tellement efficace, notamment associée au clicker, qu'elle peut faire naitre de la frustration et des mauvaises habitudes chez le cheval si elle est mal utilisée. Et ce sont ces mauvais comportements qui souvent font naitre la peur de la friandise. Une peur souvent cachée sous le discours "je veux que mon cheval m'aime pour moi-même, pas pour la bouffe", en oubliant qu'il serait tout aussi (in)valide si on remplaçait " pour la bouffe" par " pour la recherche de confort" ou "pour éviter les coups de talons". Et pourtant, regarder travailler des cavaliers expérimentés en clicker training et leurs chevaux, ben c'est beau!


Alors je crois qu'il est essentiel de commencer d'abord par comprendre les peurs qui sous-tendent nos choix, nos arguments, nos extrémismes. Allons creuser un peu plus loin, même si c'est inconfortable et que ça nous dérange, pour trouver le vrai pourquoi de nos arguments contre certains outils.

Un outil n'est que cela, un objet dont les effets dépendent de l'utilisation que nous en faisons. Certains seront conçus pour avoir un effet plus coercitif, mais ils n'auront cet effet que parce que l'humain les emploie sur le cheval d'une façon donnée. Ben oui, une cravache, ça peut fouetter et blesser, ou bien caresser en chassant ces enquiquineuses de mouches!


 Alors, au lieu d'avoir peur des outils, et si nous apprenions à nous en servir? À en connaitre les avantages et les inconvénients, les atouts et les limites. À savoir en faire des alliés plutôt que des ennemis. À les manipuler tout en douceur et en respect. Et à enseigner au cheval comment y répondre. Et c'est là, seulement, quand nous saurons les utiliser vraiment, que nous pourrons les juger. En arrêtant d'avoir peur de notre matériel, nous pouvons apprendre à le contrôler et à connaitre ses secrets. C'est cette connaissance qui pourra nous faire décider de l'utiliser ou non, dans notre cas particulier, avec un cheval donné. Sans ériger en fierté le rejet d'un bout de métal ou de corde, mais en se réjouissant d'être dans le vrai pour notre propre situation.

Nous avons le droit d'avoir peur de mal utiliser un objet, de blesser ou de nuire. Mais il est important de comprendre que ce dont nous avons peur, c'est de l'utilisation que nous pourrions en faire, pas de l'objet en lui-même. Et que si nous-même ne maitrisons pas cette utilisation, pour beaucoup d'outils d'autres peuvent le faire très bien, dans le respect du cheval et de son intégrité. Alors en acceptant cette peur, nous pourrons avancer sur les choix que nous ferons vis-à-vis de cet outil. Que ce soit d'apprendre à nous en servir, ou bien d'en choisir un autre, mais sans juger ceux qui l'utilisent intelligemment.

Chaque choix est valable, mais il est important qu'il soit justifié pour votre cheval. Que sa raison ne soit pas un argument générique qui cache vos inquiétudes ou votre incompétence. Les objets ne sont pas responsables de l'utilisation que l'on en fait, seul l'humain a le pouvoir d'en faire des monstres ou des peluches. 


Alors, avez-vous peur de certains outils?

23 septembre 2018

Quiz : quelques notions d'alimentation du cheval

23.9.18 0 Petits Mots
Aujourd'hui je vous propose un petit quiz sur les fondamentaux de l'alimentation du cheval. Saurez-vous trouver toutes les réponses?

C'est parti!

  • Question 1 : L'alimentation principale du cheval doit être composée de:
    • granulés?
    • fourrage (herbe ou foin)? 

  • Question 2 :  Un cheval au pré passe environ
    • 8 heures
    • 16 heures
         par jour à brouter?

  • Question 3 : Qu'est-ce qui est essentiel dans l'alimentation du cheval?
    • un aliment concentré (granulés, floconné, céréales,...)
    • des minéraux et vitamines

  • Question 4 : Un cheval sait réguler tout seul les quantités qu'il mange?
    • Vrai
    • Faux
 
  • Question 5 : L'herbe est toujours bonne pour la santé du cheval?
    • Vrai
    • Faux

  • Question 6 : Les céréales sont un aliment adapté pour les chevaux?
    • Vrai
    • Faux



Réponses en images:

Réponse 1 : fourrage (le cheval est un herbivore)

Réponse 2 : 16 heures (c'est un besoin physiologique)

Réponse 3 : des minéraux et vitamines (en CMV ou dans les aliments concentrés, plus une pierre à sel)

Réponse 4 : question piège. C'est vrai (variation du temps de pâturage) et faux (tendance à surconsommer)

Réponse 5 : faux (il existe des plantes toxiques, et l'herbe trop riche est mauvaise)

Réponse 6 : Non (les chevaux digèrent très mal l'amidon)


Si ce quiz vous a plu, rdv sur mon compte Insta @cavalierrerando pour d'autres quiz à venir.

Et pour en savoir plus sur l'alimentation du cheval et la gestion des prairies, je vous recommande Angélique Descarpentry d'Equi-transm'être.

12 août 2018

Escapade champenoise

12.8.18 2 Petits Mots
Un sidepull à tester. Complicité. Et si on partait se promener? Juste elle, juste moi, un dimanche ensoleillé.

D'abord partir à pied, vers notre coin à herbe habituel. Ici on prend le temps de se poser. Respirer, se connecter. Tout confort pour grignoter. Et puis me hisser sur son dos, doucement, partir, s'évader. Le goudron, les maisons, vite dépassés. Le petit pont, sur la rivière déssechée par l'été.

À gauche aujourd'hui, pour changer. Tiens, le maïs a poussé, voilà bien longtemps qu'on était pas venues de ce côté. Mur végétal qui nous dépasse. Et de l'autre côté, ces arbres à la verdure de fin d'été, broussailles qui dissimulent la tristesse du ruisseau sans eau.

Pénombre dans l'allée, jeux d'ombres. Zigzags moqueurs, méandres qui cachent la peur. Et si on trottait pour les affronter. Tout en douceur, nous sommes vainqueurs, pas de frayeurs. Ralentir au tournant, arracher des touffes d'herbes en passant. Ensuite on le sait bien, c'est la montée enherbée, où l'on peut se lâcher.

Dans ce galop spontané, les maïs faiblissent. Le regard libéré, sur la plaine endeuillée. Chaumes hérissés, terres retournées, temps suspendu entre les cultures d'hier et demain. Les limites n'ont plus court en cet instant.
Infini...

Et puis devoir lui rappeler de s'économiser, ne pas trop s'essouffler. Un passage sur le goudron posé là sera plus convaincant que moi pour repasser au pas. Deux oreilles dirigées, quelques pas, vers le chemin le plus court pour rentrer. Inviter, proposer de prolonger, les allures de son choix. Alors ce galop sauvage, volontaire, comme pour avaler plus vite les kilomètres de la terre. En descente aussi? Ok, si elle veux, on y va, c'est son choix. Cet équilibre si bien maitrisé.

Les rênes se sont depuis longtemps posées, le petit mousqueton si mignon en fonction. Des mains qui ne savent plus que faire, se poser sur les cuisses, ou bien se tendre telles des ailes dans cette envolée. Oh, et si on saluait le TGV? Ah mince, il est trop vite passé.

Redescendre sur terre, redescendre de la vitesse, un peu, simplement, un temps pour récupérer. Tourner, tourner, et déjà le chemin n'est plus celui de l'aller, le retour pointe le bout du nez. Le regard face à l'astre éblouissant, sous la caresse du vent, viens, nous deux, on va s'envoler. Pointes de chanvre qui se gondolent, toutes étonnées de nous voir si vite passées. Une tête qui se tourne au bout du champ, pour vérifier que ces géantes ne nous avait rien dissimulé.





Oui, ce chemin là, sans les mains, on le prend. Trotter sur ce bout goudronné? Pas convaincues, mais on essaie. Soudain la poigne du vent nous happe, l'ombre des arbres nous drape, le soleil s'est planqué. Douceur bienvenue pour les corps transpirants. Seule sursaut du voyage, un copain dans son pré, aparté inattendu. Salut les poulains.

Dernier chemin, à l'abri du jour. Un peu de galop, et ce trot, si vif, qui envoie tant de générosité, et d'envie de rentrer. Les vaches impassibles que pourtant elle tente d'éviter, mais dans les betteraves, une mauvaise idée.

Et soudain, déjà, on retrouve le pont, on retrouve le goudron. Le pas pour respirer. Une pomme solitaire s'est invitée là, elle ne résistera pas à la gourmandise d'une bouche libérée. Les maisons, l'église, un enfant, des chiens. L'arrêt de sécurité pour traverser la rue, et les écuries qu'on connait si bien.

Fin d'une parenthèse d'une heure, ou était-ce une journée? Des instants qui continuent encore un temps à faire battre mon cœur un peu plus fort, un peu plus présent, un peu plus vivant.



3 août 2018

Comment bien gérer son budget cheval?

3.8.18 4 Petits Mots
L'équitation, une passion qui coûte cher? Fort possible, mais connaissez-vous réellement votre budget "cheval" annuel? 

Personnellement, j'ai du mal à connaitre mes dépenses réelles pour mes chevaux. Dommage quand on sait que ces montants peuvent vite augmenter!


Je me suis donc penchée sur les solutions pour réaliser un suivi de mon budget sans me compliquer la vie, et je vous partage donc le résultat de ce questionnement (avec mon modèle de solution à récupérer à la fin de cet article).

Objectifs et critères:
  • pouvoir retrouver toutes mes dépenses "cheval" par type de dépense (pension, soins, matériel,...)
  • pouvoir facilement connaitre mes dépenses annuelles et mensuelles par cheval
  • noter rapidement ces informations avant d'oublier et les retrouver aisément, peu importe où je suis

Quelles solutions pour suivre son budget?

La version papier 

Dans un premier temps, j'ai créé un classeur papier pour pouvoir saisir mes dépenses, mais aussi entrer toutes les infos de suivi santé de mes chevaux.



Avantages : c'est complet, détaillé, personnalisé. Tout est au même endroit.

Inconvénients : c'est long à remplir, fastidieux, et pas facile à transporter

C'est pour vous si : vous aimez écrire et retrouver des comptes-rendus complets de vos séances.

Ce n'est pas pour vous si : (comme moi), vous n'êtes pas patients, vous voulez aller vite et accéder partout et tout le temps à vos infos (Oui, j'ai abandonné cette solution depuis longtemps).

Le choix de la rédac' : si vous n'avez pas l'idée ou l'envie de créer votre propre classeur, il y a le planner équestre The Horse Riders, prêt à être personnalisé avec la vie de votre cheval.


L'appli de gestion des chevaux

Il existe plusieurs applications dédiée à la gestion de vos chevaux au quotidien. Elles vous permettent de planifier vos entrainements, suivre vos rdv, enregistrer vos dépenses, ... pour chacun de vos chevaux.

Avantages : Toujours dans votre poche, accessible à tout moment, pratique pour partager les infos avec vos amis ou votre DP.

Inconvénients :  toutes les applications ne permettent pas le suivi d'un budget, et c'est souvent peu détaillé. Elles sont nombreuses donc vos amis n'auront pas forcément la même et il faut choisir. Pas forcément adapté pour les cavaliers non propriétaires.

C'est pour vous si : vous êtes toujours connectée, le smartphone à portée de main.

Ce n'est pas pour vous si : vous voulez pouvoir retrouver facilement les détails de vos dépenses ou regrouper les montants selon le type de dépense. 

Le choix de la rédac' : j'ai testé plusieurs applications avec en tête mon critère de suivi facile de mes dépenses. Si toutes permettent d'enregistrer un calendrier, des dates de soins par exemple, il est plus rare de trouver une appli qui donne accès à un budget d'un coup d’œil. Celle qui m'a le plus plu pour cela est Ekism ID, qui permet de rentrer tous les événements de soins et d'entrainements, avec leur coût, et de retrouver ces dépenses mensuelles et annuelles dans un tableau de bord.


La version "Dans mon drive"

J'ai finalement choisi de créer mon propre tableur de suivi, un pour chaque cheval, dans Google Drive. Cette solution me permet de rentrer toutes mes dépenses, et de retrouver mes dépenses par mois et par catégorie. La version Drive est accessible aussi sur mon smartphone via l'application Google Sheets, donc aussitôt dépensé, aussitôt noté. Comme ça, pas d'oubli.



Avantages : un tableur unique par cheval, détaillé par catégorie de dépense, accessible partout et qu'on ne perd pas. Avec des jolis graphiques récapitulatifs pour voir dans quoi je dépense le plus, la possibilité de retrouver rapidement les dates des derniers soins, et facile à adapter aux besoins du moment avec des catégories modifiables.



Inconvénients : dédié uniquement ou presque à la gestion du budget.

C'est pour vous si : vous souhaitez une solution simple, accessible sur tous vos écrans. 

Ce n'est pas pour vous si : vous voulez quelque chose de complet qui intègre d'autres informations que les finances, ou si vous voulez gérer de nombreux chevaux.


Le choix de la rédac' : 

Je suis partie d'un modèle Google Sheets que j'ai adapté à ma sauce et selon mes besoins cavaliers. Le résultat est un classeur dans lequel je peux entrer toutes mes "transactions", et qui calcule tout seul le montant global de mes dépenses, par mois, par an et par catégorie. Il est même possible d'y entrer des recettes, par exemple si vous avez une DP, tout simplement en indiquant un montant négatif.



Si vous aussi vous souhaitez tester cette solution, je vous partage ce modèle de document accessible via ce lien.
Il vous suffit de sélectionner fichier>créer une copie pour le copier dans votre Drive, et vous pourrez alors l'adapter et l'utiliser comme vous le voudrez.


Alors, et vous, comment faites-vous pour suivre votre budget poney? Que pensez-vous de ma solution?

Et si jamais vous vous demandez toujours combien ça coûte par an, un poney, je vous invite à consulter cet article des Musards sur le sujet.

22 juillet 2018

Petites victoires et grands progrès

22.7.18 8 Petits Mots
Des petits riens. Des riens du tout. Des détails insignifiants. De minuscules progrès. Des avancées négligeables. Des subtilités si faciles à ignorer. Rien que de petites victoires.

Mais des petites victoires qui sont tout. Mises bout à bout, pas à pas, les petites victoires font les grands progrès.

On a commencé avec une jument qui tendait l'encolure à fond pour attraper le bonbon sans avancer un pied. Puis le pied a avancé. Puis l'autre. Et puis aujourd'hui, le bout du nez irait bien se glisser tout seul dans la sacoche à friandises.

Il y a eu partir marcher 10 minutes pieds nus sur le goudron. Puis 15. Puis y retourner montée. Commencer à aller sur les chemins, la laisser choisir son chemin, prendre les bordures enherbées. Oser quelques mètres au pas dans les cailloux. Et un an et demi après, la voir demander le trot sur un chemin où il n'y a que des cailloux, et le garder.

Il y a eu les séances en carrière, à s'ennuyer à dérouler un répertoire trop bien rodé. Puis la première balade rien que toutes les deux, le stress à maitriser. Apprendre à se comprendre à demi-mot. Lâcher les rênes. Autoriser d'un geste à s'élancer. Galoper sans les mains sans les pieds, sensation de liberté. Et un jour oser enlever ce mors qui nous a toujours accompagnées. Demain peut-être oser partir ainsi se promener.

Il y a eu l'observation tranquille dans le pré. Puis la découverte de ses zones de gratouilles préférées. Et aujourd'hui me faire bousculer pour virer un taon un peu trop gênant.

Il y a eu demander le pied, insister pour le soulever. Devoir tirer pour l'obtenir, avoir peu de temps pour le garder. Il y a eu l'utilisation répétée du «donne», et le tapotement du boulet. Il y a eu ce premier postérieur donné de lui même à ma demande. Puis l'antérieur. Il y aura j'espère bientôt cette réponse toujours acceptée.

Il y a eu cette bataille pour réussir à parer. Un Bébé qui bouge, des pieds repris brutalement, tous les deux de l'énervement. Et puis trouver qu'il est bien plus facile à parer en liberté qu'attaché, du foin sous le nez.

Les grandes batailles sont souvent inutiles, les plus belles victoires se font sans combat.

Nous n'y voyons que de petits riens, mais c'est d'eux que naissent les grands progrès. Des petites victoires du quotidien viennent les plus belles réussites.

Ne croyez jamais que ce que vous avez acquis, ce n'est rien. Car chaque pas prépare le prochain. N'écoutez pas celui qui vous dit que c'est sans importance, quand pour vous c'est une jolie étape sur le chemin.

Lorsque je me retourne sur le chemin parcouru, je vois aujourd'hui les petites victoires que l'on a semées, celles qui font que j'ai aujourd'hui une jument si épanouie désormais. Une jument qui sait ce qu'elle veut, et qui sait le dire, et que j'ai appris à écouter. Il y a même ces petites victoires que je n'ai pas vu passer, tant elles furent fugaces. Mais l'ensemble est là dans le résultat.

Les grands progrès ne sont pas soudains, ils sont tant dans la subtilité des progrès quotidiens que souvent on les oublie. Alors parfois, quand tu crois que ça ne va pas, ne regarde pas hier ou avant-hier, mais regarde il y a une semaine, un mois ou un an, et tu verras les petites victoires briller comme des pierres précieuses semées sur votre chemin.

~~~~~

Cet article est ma participation à la Cavalcade des blogs de juillet, organisées par Débo Evanell du blog Philosophie cavalière, sur le thème des petites victoires.


6 avril 2018

La confiance - Conclusion de la Cavalcade des blogs

6.4.18 0 Petits Mots
La confiance en équitation : c'est pour vous toutes un point essentiel de toute relation. Une confiance aux multiples facettes, difficile à construire et pourtant fragile.


Voici donc les 13 participations à la Cavalcade des blogs de mars 2018, qui éclairent les multiples facettes de la confiance. 13 participations riches chacune des ressentis personnels et des belles histoires des blogueuses.

Allez vite les découvrir:








Merci à toutes pour ces magnifiques participations. Et si la Cavalcade vous manque déjà, rendez-vous pour la nouvelle édition chez "Une fille à cheval".

18 mars 2018

Ferrure ou pieds-nus ? Invitation à un changement de perspective

18.3.18 11 Petits Mots

Il est une chose qui m'étonne toujours. Dès qu'on parle de mettre un cheval pieds nus, la question qui vient est "pourquoi déferrer"? S'il est bien comme ça, pourquoi retirer ses fers? Question légitime bien sûr, et je ne vous rabâcherai pas les arguments des uns et autres sur le sujet. Non, moi ce qui m'étonne, c'est cette question : "pourquoi déferrer?". J'ai l'impression que ce n'est pas la bonne, ou du moins pas celle qui devrait venir en premier.

Non, la première question que je vous invite à vous poser, c'est "pourquoi ferrer"?

Dès que l'on commence à travailler un cheval, on nous dit qu'il faut ferrer. Parce que dans nos esprits, un cheval non ferré ne peut pas travailler. Alors, la majorité des chevaux sont ferrés dès le plus jeune âge, quand ils commencent à travailler. 


Ayant tout appris sur des poneys de club pieds nus, même ceux qui allaient à Lamotte (et ce n'était pas par conviction mais probablement plutôt pour des raisons économiques), je n'ai jamais réussi à comprendre en quoi eux pouvaient ne pas être ferrés alors que les chevaux qui travaillaient pareil l'étaient. Et aujourd'hui, de plus en plus de cavaliers nous prouvent qu'un cheval pieds nus peut travailler, du cheval de loisirs au cheval de compétition.

Alors, ce qui me dérange aujourd'hui, ce n'est pas qu'on ferre certains chevaux, c'est plutôt qu'on voit la ferrure comme la situation par défaut. On ferre d'abord, on réfléchit à déferrer ensuite. Or, l'évolution a doté les pieds des chevaux d'une structure incroyablement complexe capable de porter leur poids et de gérer les chocs liés à leurs déplacements. Pourquoi ne pas essayer d'aider ce système élaboré qu'est le pied à fonctionner correctement avant de chercher à substituer son rôle par divers artifices?

Voilà donc le changement de perspective auquel je vous invite. Non pas se demander pourquoi déferrer, mais plutôt se demander en premier lieu pourquoi ferrer? Est-ce nécessaire? Ai-je essayé d'abord de laisser le pied de mon cheval jouer son rôle? Pourquoi ne pas d'abord le garder pieds nus et voir si ça fonctionne pour lui?

Est-ce que je ferre par tradition? Par habitude? Par conviction? Est-ce que je ferre par peur? Est-ce que je ferre parce qu'il a mal? Et dans ce cas, pourquoi a-t-il mal, et est-ce la ferrure la meilleure solution pour soigner cette douleur? Est-ce que je ferre parce que j'ai vu que le travail effectué entrainait une usure trop conséquente de ses pieds? Est-ce que je ferre pour soigner une pathologie? Est-ce que je ferre parce que j'y vois la meilleure solution pour mon cheval?

Il s'agit de retourner la question, de comprendre que nous ne nous posons pas toujours la bonne question, plutôt que de se battre pour les réponses à lui apporter.

Bien sûr, la réponse pourra parfois être que la ferrure est nécessaire. Et parfois non. Mais ce sera réfléchi, pour chaque cheval dans son cas précis et pour ses besoins particuliers. Parce qu'il ne faut jamais oublier que chaque cheval est unique.

La question est n'est pas si différente pour les chevaux qui sont déjà ferrés aujourd'hui, même si on pourrait le croire à priori. Puisqu'un cheval doit être referré toutes les 6 à 8 semaines, la question peut se poser à chaque ferrure: pourquoi ferrer, à nouveau, ici et maintenant? Seulement parce qu'il était déjà ferré avant, ou bien pour d'autres raisons? Quelles sont mes raisons pour ce choix renouvelé si régulièrement?

Évidemment, la transition pour revenir aux pieds nus quand un cheval porte des fers depuis de nombreuses années est parfois complexe et pas forcément utile. Dans leur cas, la question "pourquoi déferrer" et sa contraposée "pourquoi ne pas déferrer" sont aussi importantes, et viennent compléter la réponse à la première question.

Lequel de ces pieds est le plus fonctionnel? Même antérieur gauche, après 8 mois de parage (à gauche) et après 3 mois de ferrage, au début du (re)passage pieds nus (à droite)

Pensons aussi à la prochaine génération de chevaux qui arrivent. Eux n'ont pas encore connu les fers, alors peut-être n'en auront-ils pas besoin de toute leur vie. Et peut-être que si pour certains, mais il faut essayer pour savoir.

Décider de ferrer un jeune cheval, c'est une énorme responsabilité, bien trop souvent écrasée par le poids de la tradition. Pourtant cette décision, comme celles de l'âge du débourrage ou de la méthode d'apprentissage utilisée, aura des conséquences tout au long de sa vie. Ne la prenons pas à la légère!

Nous avons, vous avez toujours le choix des décisions que vous prenez pour vos chevaux, et ce ne sont pas les jugements d'autrui qui doivent vous forcer dans ceux-ci. Ce que j'aimerais simplement, c'est que chacun de ces choix soit fait en conscience, de façon réfléchie et non systématique. Le premier choix qui est fait pour la santé des pieds d'un cheval, ce n'est pas déferrer, c'est bien ferrer!

Alors voilà, je vous invite simplement à vous poser cette question avant de ferrer votre cheval : pourquoi ferrer ce cheval en particulier? En quoi en a-t-il besoin? Et de dépasser le simple et trop fréquent "c'est le maréchal qui m'a dit que ça n'irait pas s'il n'est pas ferré". Et alors, peu importe votre décision, elle aura été prise en conscience. Vous en connaitrez les raisons et vous saurez les expliquer si vous en avez envie. Et cette idée s'applique d'ailleurs pour beaucoup de nos décisions pour nos chevaux.

Et puis, n'ayez pas peur de revenir sur vos décisions. Votre cheval a trop mal aux pieds et il n'y a pas de solution pieds nus? Ferrez! Il n'est pas bien dans ses fers, et les changements de type de fers n'ont rien amélioré? Déferrez! Vous avez trouvé le professionnel qui travaille comme il vous convient? Suivez ses conseils! Nous changeons, nos chevaux évoluent, les techniques aussi. Alors n'oublions pas de continuer à nous poser des questions!

D'ailleurs, j'aimerai beaucoup connaitre le pourquoi de vos choix. Pas pour juger, mais au contraire pour comprendre ce qui peut nous guider vers l'un ou l'autre choix, parce que chaque histoire est unique. Pourquoi avez-vous ferré votre cheval? Ou pourquoi l'avez-vous gardé pieds nus? Ou déferré? Ou pourquoi avez-vous fait des choix différents selon vos chevaux?

1 mars 2018

Lancement de la Cavalcade des blogs n°44 : une question de confiance

1.3.18 18 Petits Mots
Il y a la confiance en nous que nous avons trouvée auprès des chevaux. Il y a la confiance dont nous avons besoin pour faire notre premier concours. Il y a la confiance donnée à un coach pour réussir à progresser. Il y a la confiance si précieuse que nos chevaux nous accordent, et celle que nous leur donnons. Tant de choses en équitation reposent sur la confiance.

Voici donc le thème de cette nouvelle Cavalcade des blogs : 

Une question de confiance


Aujourd'hui je vous invite à nous parler de l'importance de la confiance en équitation. Confiance en vous, en votre cheval, en votre prof. Cette confiance donnée, cette confiance qu'il vous reste à trouver. Le chemin vers la confiance, vos astuces, vos solutions pour la trouver. Ou peut-être un excès de confiance qui vous a un jour joué des tours. Parlez-moi de confiance, du point de vue du cavalier, de l'enseignant ou même du cheval. De manque ou de recherche de confiance. D'un événement particulier où la confiance a joué un rôle central, ou de son importance en général. À vous de choisir.

La Cavalcade des blogs, c'est un événement ouvert à tous, pour lequel nous vous invitons à participer sur un thème donné chaque mois. Vous avez donc jusqu'au 31 mars pour me transmettre votre participation, sous forme d'un article ou si vous le souhaitez en vidéo. Vous pouvez retrouver les participations à l'édition précédente, sur le thème des gros mots du cheval, sur le blog Pretty Riding.

Il y a juste quelques règles à respecter pour participer.


  • Si vous avez un blog ou une chaîne, publiez votre article sur votre blog ou votre vidéo sur votre chaîne et envoyez-moi le lien par mail ou dans les commentaires de cet article.
  
  • Si vous n'avez pas de blog, envoyez-moi votre article par mail (emilie[a]cavalierre.fr) ou en me contactant via ma page Contact, et je le publierai avec votre nom sur ce blog.

Pour être validée, votre participation doit être:
  • De nature non commerciale
  • Originale et unique (ne doit pas avoir été publiée ailleurs)
  • De qualité
  • Nouvelle (publiée pendant l’événement, et pas avant)
  • Dans le sujet du thème annoncé
Si c'est un article : 
  • Il doit contenir au minimum 400 mots et être rédigé en français, si possible sans faute. Les participations dessinées sont aussi les bienvenues.
  • Vous pouvez y inclure 2 liens vers votre blog ou site.
Si c'est une vidéo:
  • Elle doit être en français
  • Vous devez inclure dans la présentation un lien vers l’article de lancement (celui que vous être en train de lire), un lien vers la page de lancement de la Cavalcade sur Cheval-facile, et un lien vers le blog de l’organisatrice (c'est le mien 😉).



 
Voilà, vous savez tout. J'ai hâte de vous lire. Et si vous hésitez à vous lancer, surtout, faîtes-vous confiance!

24 février 2018

Du pouvoir des étiquettes

24.2.18 7 Petits Mots
«C'est un entier». Que pensez-vous quand vous entendez ces mots? Quelle image vous faîtes-vous du cheval en question? Quels sont les idées, les représentations qui vous viennent à l'esprit? Prenez quelques instants pour réfléchir à cette question.

Je vais en profiter pour vous parler de mon poulain. First, c'est un jeune Gypsy Cob de 3 ans. Un joli pie bai tobiano, des crins et fanons exubérants. Gentil, joueur, mais un peu envahissant. Sûr de lui et sans peur, qui affronte avec sérénité les monstres que je lui propose. Calme et confiant. Une bouille à bisous, un corps de rêve, une petite moustache coquine en hiver. Le tombeur des écuries, même avec de la boue jusqu'aux coudes. Toujours curieux,  souvent motivé, volontaire. Toujours zen, rarement inquiet. Capable d'une patience à toute épreuve couplée à une tête de mule carabinée, efficace pour faire comprendre quand il n'a pas envie. Avec une malheureuse tendance en ce moment à vouloir mordre ce qui passe à sa portée, moi comprise. Un petit malin, un brin provocateur, qui comprend vite ce qu'on lui demande. Bref, un jeune cheval qui découvre la vie avec joie et enthousiasme.

Tête de cheval en train de brouter derrière des fleurs blanches

Ah oui, et aussi, First est entier. Est-ce qu'il colle aux idées qui vous sont venues à l'esprit au début? Est-ce l'image que vous vous étiez faîte? Voyez comme ce terme a créé en vous une représentation, un cadre dans lequel vous pensez que le cheval doit rentrer.

Et cette étiquette nous précède partout. Quelle différence quand on cherche une pension pour une jument ou un entier! Quand je venais avec un poulain joueur qui a besoin de compagnie, on m'a souvent parlé de le sortir obligatoirement seul, de paddocks éloignés des autres,... On m'a dit «je peux pas, j'ai des juments»... Aujourd'hui, j'ai eu la chance de trouver quelqu'un prête à essayer de le prendre. Aujourd'hui, il est au paddock tous les jours avec un hongre, séparé par une allée du paddock des juments. Il n'y a pratiquement jamais de courant dans les fils du paddock, parce qu'il est hyper respectueux. Je peux croiser une jument sans qu'il exprime plus de curiosité pour elle que si c'était un hongre. Je cherche encore le méchant entier agressif et obnubilé par les filles. Alors oui, il est encore jeune, il va peut-être changer. Mais en attendant, c'est un hongre qui casse les fils de son paddock régulièrement et fonce sur les gens sur son passage. C'est un hongre qui l'attaque oreilles en arrière quand je passe devant son box. C'est une jument qui vient lui dire bonjour quand il pionce à l'attache à côté de son paddock.

Et malgré cela, l'étiquette revient. Il a tendance à mordre? C'est parce qu'il est entier! Il essaie de se cabrer pour impressionner? C'est parce qu'il est entier! Et vous savez le pire? C'est que moi-même je me fais avoir! L'étiquette devient la justification simple pour tout expliquer. Elle en vient à précéder l'identité du cheval, à conditionner les comportements que j'attends de lui. Des fois, moi aussi, je me dit «c'est normal, il est entier». Alors qu'en fait, c'est juste un jeune cheval qui découvre et qui s'exprime. Qu'il faut que j'écoute sans tenter de le faire rentrer dans une case.

Voilà la puissance d'une étiquette. Celle de mettre des représentations devant la réalité. Une étiquette peut venir à nous faire manquer ce qui est sous nos yeux.

Oui, "entier", dans le monde du cheval, c'est un gros mot. Un mot qu'on ne veut pas entendre, qu'il ne faut surtout pas prononcer. Parce que ce à quoi on l'associe fait peur, parce qu'on en a une idée de danger, qu'on lui donne une connotation négative. Cela ne devrait être qu'un simple mot, mais le sens lourd qu'on lui donne fait de lui un gros mot.

Cheval Gypsy Cob pie bai qui fait un flehmen

Des gros mots comme celui-là, des étiquettes, il y en a bien d'autres au pays des chevaux.

Certains ne sont pas très polis au départ, de vrais gros mots. Tiens, la pisseuse par exemple, cette jument caractérielle, désagréable, chiante. D'autres, le plus souvent, ont une apparence bien anodine. Le grand classique? Poney pardi. Vous savez, ce grand têtu, ce petit malin, mignon et coquin, mais mal éduqué et juste bon à apprendre l'équitation et l'art du vol plané aux enfants. Et puis, il y a toutes ces races à qui nous avons associé des caractéristiques. Trotteur, voire trottinette? Pur-sang? Cheval de trait?

Certaines de nos étiquettes sont même passées dans le langage courant : qui n'a pas une tête de mule dans son entourage? Pauvre mule qui n'a rien demandé à personne et qui est bien plus qu'un animal têtu!

Il y a des étiquettes qui viennent avec nos chevaux, et celles qu'on veut leur coller. Cheval de sport ou cheval de loisir n'ont ainsi pas la même image. Il y a des étiquettes assumées, et des étiquettes subies. Je refuse pour ma jument celle de "retraitée", parce que ma jeune mamie, malgré les joies de son début d'arthrose, est beaucoup, beaucoup plus qu'une tondeuse à gazon.

Bien sûr, il y a toujours un fond de vérité dans ces étiquettes. Nous les avons créés pour donner un cadre, pour mieux comprendre, pour guider notre compréhension de l'autre. Difficile d'oublier qu'on a un entier au quotidien. Mais il est important de ne pas se cantonner à l'étiquette, et surtout de ne pas y enfermer son cheval. De redonner aux mots leur valeur de mots, et non pas de gros mots. Apprendre à ne pas se faire dévorer par des idées préconçues, pas simple, mais pourtant essentiel. Il faut courir après nos interprétations, nos attentes, pour ne pas les laisser nous bloquer. Oui, on peut dresser avec un cheval de trait, sans se laisser enfermer derrière son étiquette de cheval lourd. Tout en n'oubliant pas les limites que lui impose sa nature.

Une étiquette, c'est un mot que nous attribuons au cheval pour le décrire. Ce n'est au départ rien qu'un petit mot, que nous chargeons de sens. De sens positif ou négatif, et souvent de beaucoup d'interprétation. Et c'est de là qu'il tire sa force. Les étiquettes sont puissantes, et selon l'usage que l'on en fait, elles peuvent devenir un moteur ou un frein.

Je vous invite à voir ces étiquettes comme des guides, des barres au sol qui tracent un chemin, une bulle de sécurité pour mieux comprendre le cheval, un cadre doux et léger comme une plume, un rideau insaisissable et transparent. Mais trop souvent, nous faisons de ces étiquettes des murs, nous les érigeons en barrières dans lesquelles nous nous enfermons. Les étiquettes deviennent alors des pièges et bloquent notre regard qui ne peut plus porter au loin.

Parce que nous sommes nous-mêmes responsables du statut que nous donnons à ces mots qui sont des cases, nous pouvons choisir de ne pas les laisser prendre le contrôle de nos choix et de notre relation aux chevaux.

Surtout que le cheval, lui, ne connait pas ces étiquettes, il ne voit pas le cadre dans lequel vous l'avez posé dans votre tête. Il pourra donc le franchir aisément, il n'y est pas enfermé. Il ne voit pas le mur que vous utilisez pour l'encadrer, alors il est fort possible que vous vous retrouviez soudain chacun d'un côté de ce mur de mots. Et c'est à vous qu'il revient dès lors de démonter ce mur pour retrouver votre cheval.

C'est nous, et seulement nous, qui donnons du pouvoir aux étiquettes. Mais nous leur en donnons souvent beaucoup. Nous devrions nous souvenir que les mots sont puissants. Il ont la capacité de nous aider à comprendre, à avancer, à construire, mais ils peuvent aussi enfermer, parfois inconsciemment, et nous prendre au piège des interprétations qu'ils dégagent. C'est le sens que nous leur donnons qui leur donne leur pouvoir, qui en fait des gros mots. À nous de les faire dégonfler pour les faire redevenir des mots-compagnons, des mots-guides, des mots-précieux. 

Lorsque que vous vivez des moments difficiles avec votre cheval, pensez à lever les yeux vers ces étiquettes que vous ou d'autres lui ont collées. Prenez votre courage à deux mains pour percer le ballon des interprétations associées à cette case parfois trop étriquée, pour faire pleuvoir le nuage des jugements et des peurs que ce gros mot a nourri, et retrouver le soleil d'un mot simple et léger qui viendra éclairer votre chemin.

Une bonne étiquette est factuelle, utile, évolutive, non-contraignante et sans aucun jugement. Une bonne étiquette, c'est un espace de liberté, pas un enfermement. Votre cheval n'est pas qu'une série d'étiquettes, il est un être unique, complexe et riche. Les mots vous aideront à le comprendre, à vivre chaque jour à ses côtés, à travailler en bonne harmonie avec lui. Prenez simplement soin de ne pas laisser les mots grossir au point d'éclipser l'être vivant derrière.

Les étiquettes ont du pouvoir, mais nous avons le pouvoir d'en faire nos alliées.


Alors, quelles sont les étiquettes qui s'appliquent à vos chevaux? Sont-elles choisies ou subies, et quel pouvoir leur donnez-vous?

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Cet article participe à la Cavalcade des blogs, organisée ce mois-ci par Lisa, du blog Pretty Riding, sur le thème "Les gros mots du cheval". Il pourrait cependant aussi s'appliquer bien au-delà du monde équestre.

8 février 2018

Au secours, mon poulain n'a qu'une couille!

8.2.18 2 Petits Mots
Je reconnais que ce titre est bien peu poétique, mais il est assez représentatif de la situation. Mon Bébé poney boulet ayant décidé de tester pour vous cette situation légèrement désagréable, je vous propose d'en savoir un peu plus sur cette situation et ses solutions potentielles. 

(Attention photos explicites... de poney!) 

Qu'est-ce qu'un cheval cryptorchide?

Petit point science du jour: un mâle qui n'a qu'un seul ou aucun testicule descendu est dit cryptorchide (et ce n'est pas vrai que pour les chevaux). Il peut être cryptorchide bilatéral si aucun testicule n'est descendu, ou unilatéral si l'un des deux est descendu.

Dans le monde équestre, on parle souvent de cheval pif (ce qui est avouons-le vachement plus simple à écrire que cryptorchide).

Le saviez-vous?  Les étalons ne sont pas matures sexuellement avant 6 ans (même s'ils peuvent déjà reproduire), et leurs organes sexuels se développent jusqu'à 12-13 ans.

Avez-vous déjà vu un testicule unique de poney? Maintenant, oui!
Les testicules descendent normalement dans les deux semaines qui suivent la naissance. Mais ils peuvent remonter ou redescendre régulièrement : la descente totale a lieu vers 18 mois, et parfois même jusqu'à 2/3 ans.

Saviez-vous que 5 à 8% des poulains mâles sont cryptorchides? Moi non plus!
Donc sur un tout jeune poulain, aucune raison de s'inquiéter s'il n'a qu'une couille. Par contre, si elle ne descend toujours pas au bout de quelques mois, le mieux est de demander son avis à votre vétérinaire.

Le testicule non descendu peut avoir différentes localisations : dans le canal inguinal ou intra-abdominal, ce qui veut dire en gros qu'il est plus ou moins descendu et donc plus ou moins proche de sa position normale.

Le vétérinaire peut donc pratiquer différents examens pour le localiser. Il peut commencer par une palpation scrotale (oui, oui, vous avez bien compris l'idée, je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin). Il pourra aussi, selon les besoins, faire une palpation intra-abdominale (en passant la main par le rectum donc), une échographie ou un dosage du taux de testostérone.

Quelles conséquences?

Un cheval cryptorchide est un cheval qui a des testicules: il produit donc de la testostérone. Adulte, il aura donc un comportement plus au moins marqué de cheval entier et il peut réagir à la présence de juments, voire essayer de les monter. On dit d'ailleurs souvent des chevaux pifs qu'ils ont mauvais caractère.

Il est aussi possible que le testicule resté à l'intérieur soit mal placé et donc lui occasionne des douleurs, ce qui peut parfois expliquer l’agressivité de ces chevaux.

Même si le testicule non descendu ne produit en général pas de sperme, il reste producteur de testostérone. Le risque, avec un cheval cryptorchide adulte, c'est donc aussi de finir avec un poulain.  Le risque de tumeurs est aussi plus important sur le testicule non descendu.

Il n'est pas recommandé de ne castrer que le testicule descendu, votre vétérinaire ne le fera probablement pas. En effet, le cheval va garder son comportement d'entier puisqu'il ne sera pas vraiment castré, même s'il en a l'apparence extérieure. C'est donc un problème en cas de vente du cheval si l'acheteur n'est pas informé de la situation.

La castration d'un cheval pif est plus complexe qu'une castration classique. En effet, elle nécessite d'ouvrir plus ou moins l'abdomen du cheval, et est donc réalisée en clinique. Différentes méthodes existent, la plus répandue nécessite une anesthésie générale. En conséquence, cette opération est plus chère qu'une castration normale et présente les risques liés à une anesthésie.

Le savoir inutile :  l'opération chirurgicale qui permet de retirer les testicules cryptorchides s'appelle la cryptorchidectomie.

La castration est la solution recommandée par les vétérinaires. D'une part parce qu'il est supposé que ce caractère est héréditaire : les chevaux pifs ne sont donc pas admis à la reproduction dans les stud-books. D'autre part à cause du caractère souvent compliqué de ces chevaux, qui seront donc plus calmes s'ils sont hongres. Elle n'est cependant pas obligatoire.

Quand on découvre qu'on a un poulain cryptorchide...

Je connais First depuis sa naissance, et nous avons remarqué assez tôt qu'il n'avait qu'un testicule descendu, qui semblait d'ailleurs faire le yoyo. Nous lui avons d'abord laissé le temps de grandir. Vers ses 18 mois, la vétérinaire a confirmé le problème, en nous disant qu'il pouvait descendre jusqu'à ses trois ans. Puisqu'il vivait avec un hongre, il n'y avait pas d'urgence à agir, j'ai donc eu le temps de me pencher sur la question.

Il est en ressorti plusieurs pistes intéressantes à explorer avant d'envisager la solution radicale de la castration.


  • Le problème peut être lié à un manque d'oligoélements et de minéraux, et le corps n'arrive pas à suivre. Il faut donc apporter un complément minéraux et vitamines (CMV) adapté au poulain. On m'avait aussi conseillé les produits Ohm Bioalternatives pour booster tout cela.


  • Il peut aussi y avoir un blocage physique à l'origine du problème de descente. Donc, comme pour un cheval adulte, on pense ostéopathe et praticien shiatsu. 

  •  Il semble qu'il existe aussi un traitement hormonal par injection. Là, c'est bien évidemment votre vétérinaire qui peut le réaliser.

Pour First, j'ai donc fait venir une ostéopathe un peu avant ses deux ans. Qui a trouvé qu'il était bloqué au niveau de la hanche droite avant même de vérifier que c'était le testicule droit qui n'était pas descendu. Elle l'a donc manipulé pour tout remettre en place. Et trois mois plus tard, surprise... Un deuxième testicule avait pointé le bout de son nez!

Mais que voilà?

J'ai aussi par la suite ajouté un bloc minéral en libre accès (n'étant pas sur place pour lui donner un CMV tous les jours).

Et de 2!

Résultat, j'ai aujourd'hui un vrai entier de bientôt trois ans, avec deux testicules. Même si le droit est un peu plus petit que le gauche, et que les deux s'amusent à monter ou descendre un peu selon ses humeurs.
De face aussi, il est beau!

Évidemment, ce qui a fonctionné pour nous n'est pas forcément la solution pour un autre cheval. Cependant, si vous avez la possibilité de prendre le temps tout en continuant à héberger votre jeune cryptorchide dans des conditions correctes, je vous invite à explorer différentes pistes (un peu plus tôt que nous serait probablement une bonne idée) et à attendre un peu avant de passer à la solution radicale de la castration. Pensez à une approche holistique de votre cheval : vétérinaire, mais aussi alimentation, ostéopathe, shiatsu, pour l'aider à bien se développer.


Et vous, avez vous déjà connu un cheval pif?  Quelle solution a été choisie pour lui? J'aimerais beaucoup connaitre vos expériences, partagez-les!


(Res)sources:

1 février 2018

Tuto : un jouet fait-maison pour poney

1.2.18 0 Petits Mots
Tu cherches un jouet d'écurie pour ton cheval? Et si tu le créais toi même? C'est simple, rapide, et pas cher.

Mon poulain a en ce moment une forte tendance à mordiller, je pense que c'est en partie dû à la perte de ses dents de lait qui le gène. J'ai remarqué qu'il appréciait de mordiller sa longe, j'ai donc voulu lui créer un jouet qui lui permette de le faire même quand je ne suis pas là.

Avec un critère essentiel : la sécurité. Pas de risque de se coincer dedans ni d'avaler de petits morceaux donc. Et un objet solide qui résiste aux folies d'un petit jeune de pas encore trois ans.

Et voilà le résultat : une corde tressée avec une boule de tissu.



Pour le réaliser, c'est très simple.


Matériel:

- une cordelette d'escalade de 7 mm de diamètre et 4 m de long - 5€49 chez Décathlon
- une bande de tissu coupée dans un vieux drap, environ 40 cm X 2m
- des ciseaux
- un briquet


Réalisation :

  • 1 - Plier la cordelette en 3 morceaux de taille égale. Couper cette cordelette au niveau d'un des plis. On obtient donc deux morceaux de cordelette, dont l'un fait le double de taille de l'autre.
  • 2 - Avec le briquet, brûler les deux extrémités coupées. Cela va éviter que la cordelette s'effiloche.
  • 3 - Plier le morceau le plus long en deux. Placer le plus court dessus. Faire un nœud du côté de la boucle du long morceau. On obtient ainsi trois brins de corde de même longueur noués ensemble. La boucle pourra permettre d'accrocher le jouet.
Trois brins et une boucle à l'extrémité
  • 4 - Tresser les trois brins de cordelette sur environ trois quart de la longueur, puis nouer l'extrémité de la tresse. Il doit rester environ 30 cm de longueur sur les trois brins non tressés. (J'ai fait un peu moins, mais c'était un peu juste par la suite)
Tressage
  • 5 - On passe à la création de la boule de tissu. Rouler le drap sur lui-même dans le sens de la largeur. On obtient un long serpent de drap.
  • 5bis - Optionnel - J'ai choisi de mouiller le drap à l'eau chaude pour la suite, pour pouvoir bien le serrer.
  • 6 - Faire un premier nœud sur lui-même au milieu du boudin de drap. Puis un deuxième nœud de l'autre côté. Continuer en essayant de donner une forme à peu près ronde à la boule de tissu ainsi obtenue. Reste à bien serrer le dernier nœud et cacher les extrémités de tissu qui dépassent.


Un boudin de tissu qui devient une boule

Voilà, il ne reste plus qu'à assembler!
  • 7 - Prendre un des brins libres de la cordelette. Le glisser sous un boudin de tissu de la boule de drap. Nouer plusieurs fois ce brin à un second brin de la cordelette pour bien fixer la boule de tissu.
  • 7 bis - optionnel - Laisser sécher la boule de tissu si le drap avait été mouillé.

Et voilà, c'est terminé! Plus qu'à l'accrocher dans le box ou l'abri grâce à une ficelle à ballots, le laisser en libre accès dans le pré ou même l'utiliser pour une partie de jeu dans la carrière (avec poney, toutou ou un autre cavalier, comme tu veux!)
À l'usage, la boule de tissu redevient un boudin :-)

Quelques pistes alternatives :

  •  Tu peux très bien tresser toute la corde et ne pas ajouter de boule de tissu à l'extrémité.
  • Tu peux aussi fixer la boule de tissu directement dans la tresse, en la passant dans l'un des brins lors du tressage. Je pense que c'est l'option que je prendrais si je devais le refaire, car ça ne tiens pas forcément bien au bout de la corde.
  • Tu peux fixer un ballon d'écurie à l'extrémité plutôt de du tissu. Attention, j'ai pensé à la balle de tennis, mais je ne recommande pas. Cela ressemble beaucoup à une pomme, donc vu la taille je pense qu'il y un risque que poney l'avale.
  • La tresse à trois brins est plate. Si tu veux une tresse ronde, fais quatre brins au lieu de trois. Dans ce cas, je pense qu'une cordelette plus fine (5 ou 6 mm) sera plus facile à tresser.

Alors, qui va se lancer? Qui a déjà fait un jouet d'écurie maison? Montrez-moi vos créations!