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1 décembre 2018

Matériel équestre: avez-vous peur de vos outils?

Avez-vous peur du matériel équestre? Oui, vraiment, je vous pose la question: avez-vous peur des outils que vous utilisez ou pourriez utiliser avec vos chevaux? Non, cette question n'est pas si stupide qu'il n'y parait au premier abord, et la réponse n'est pas si évidente.

Réfléchissons à cette question autrement. Avez-vous parfois dit ou pensé " je n'utilise pas de mors/chambrière/éperons/cordelette/selle/bride/cravache/bombe/enrênements/licol corde... parce que cela fait mal à mon cheval/lui fait peur/est dangereux/je n'aime pas ça/est inutile" (rayer les mentions inutiles). Si vous avez répondu oui à cette question, il est possible que vous ayez peur du matériel cité, et que vous (vous) cachiez cette peur sous d'autres arguments.


Ce qui m'interroge souvent, c'est le choix d'utiliser ou non un mors. De nombreux cavaliers de loisirs s'enorgueillissent de ne pas utiliser cet outil de torture qu'est le mors, non ça jamais. Mais alors, tous nos grands cavaliers de l'équitation de tradition française auraient été si mauvais avec leurs chevaux? Ou bien l'argument de ne pas faire mal ne viendrait-il pas souvent d'une peur de mal faire? Est-ce que nous justifions cette peur que nous avons de mal utiliser un simple outil en le diabolisant et le rendant coupable de tous les maux? Bien sûr que le mors a des inconvénients, mais c'est aussi le cas des ennasures. Il suffit d'observer un crâne de cheval pour s'inquiéter de ce qu'on posera sur cet os si fin, tout comme on peut s'inquiéter de la sensibilité d'une bouche. Je préfère de loin un mors simple et doux à un hackamore bien plus agressif (mais dire qu'un outil est agressif, c'est déjà exprimer une forme de peur de cet outil en lui donnant des attributs humains).

Moi, j'utilise aussi cet autre outil bien mal compris qu'est la récompense alimentaire. Car oui, dès lors qu'elle est utilisée dans l'apprentissage, je crois qu'on peut la considérer comme un outil. Un outil tellement efficace, notamment associée au clicker, qu'elle peut faire naitre de la frustration et des mauvaises habitudes chez le cheval si elle est mal utilisée. Et ce sont ces mauvais comportements qui souvent font naitre la peur de la friandise. Une peur souvent cachée sous le discours "je veux que mon cheval m'aime pour moi-même, pas pour la bouffe", en oubliant qu'il serait tout aussi (in)valide si on remplaçait " pour la bouffe" par " pour la recherche de confort" ou "pour éviter les coups de talons". Et pourtant, regarder travailler des cavaliers expérimentés en clicker training et leurs chevaux, ben c'est beau!


Alors je crois qu'il est essentiel de commencer d'abord par comprendre les peurs qui sous-tendent nos choix, nos arguments, nos extrémismes. Allons creuser un peu plus loin, même si c'est inconfortable et que ça nous dérange, pour trouver le vrai pourquoi de nos arguments contre certains outils.

Un outil n'est que cela, un objet dont les effets dépendent de l'utilisation que nous en faisons. Certains seront conçus pour avoir un effet plus coercitif, mais ils n'auront cet effet que parce que l'humain les emploie sur le cheval d'une façon donnée. Ben oui, une cravache, ça peut fouetter et blesser, ou bien caresser en chassant ces enquiquineuses de mouches!


 Alors, au lieu d'avoir peur des outils, et si nous apprenions à nous en servir? À en connaitre les avantages et les inconvénients, les atouts et les limites. À savoir en faire des alliés plutôt que des ennemis. À les manipuler tout en douceur et en respect. Et à enseigner au cheval comment y répondre. Et c'est là, seulement, quand nous saurons les utiliser vraiment, que nous pourrons les juger. En arrêtant d'avoir peur de notre matériel, nous pouvons apprendre à le contrôler et à connaitre ses secrets. C'est cette connaissance qui pourra nous faire décider de l'utiliser ou non, dans notre cas particulier, avec un cheval donné. Sans ériger en fierté le rejet d'un bout de métal ou de corde, mais en se réjouissant d'être dans le vrai pour notre propre situation.

Nous avons le droit d'avoir peur de mal utiliser un objet, de blesser ou de nuire. Mais il est important de comprendre que ce dont nous avons peur, c'est de l'utilisation que nous pourrions en faire, pas de l'objet en lui-même. Et que si nous-même ne maitrisons pas cette utilisation, pour beaucoup d'outils d'autres peuvent le faire très bien, dans le respect du cheval et de son intégrité. Alors en acceptant cette peur, nous pourrons avancer sur les choix que nous ferons vis-à-vis de cet outil. Que ce soit d'apprendre à nous en servir, ou bien d'en choisir un autre, mais sans juger ceux qui l'utilisent intelligemment.

Chaque choix est valable, mais il est important qu'il soit justifié pour votre cheval. Que sa raison ne soit pas un argument générique qui cache vos inquiétudes ou votre incompétence. Les objets ne sont pas responsables de l'utilisation que l'on en fait, seul l'humain a le pouvoir d'en faire des monstres ou des peluches. 


Alors, avez-vous peur de certains outils?

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