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12 août 2018

Escapade champenoise

Un sidepull à tester. Complicité. Et si on partait se promener? Juste elle, juste moi, un dimanche ensoleillé.

D'abord partir à pied, vers notre coin à herbe habituel. Ici on prend le temps de se poser. Respirer, se connecter. Tout confort pour grignoter. Et puis me hisser sur son dos, doucement, partir, s'évader. Le goudron, les maisons, vite dépassés. Le petit pont, sur la rivière déssechée par l'été.

À gauche aujourd'hui, pour changer. Tiens, le maïs a poussé, voilà bien longtemps qu'on était pas venues de ce côté. Mur végétal qui nous dépasse. Et de l'autre côté, ces arbres à la verdure de fin d'été, broussailles qui dissimulent la tristesse du ruisseau sans eau.

Pénombre dans l'allée, jeux d'ombres. Zigzags moqueurs, méandres qui cachent la peur. Et si on trottait pour les affronter. Tout en douceur, nous sommes vainqueurs, pas de frayeurs. Ralentir au tournant, arracher des touffes d'herbes en passant. Ensuite on le sait bien, c'est la montée enherbée, où l'on peut se lâcher.

Dans ce galop spontané, les maïs faiblissent. Le regard libéré, sur la plaine endeuillée. Chaumes hérissés, terres retournées, temps suspendu entre les cultures d'hier et demain. Les limites n'ont plus court en cet instant.
Infini...

Et puis devoir lui rappeler de s'économiser, ne pas trop s'essouffler. Un passage sur le goudron posé là sera plus convaincant que moi pour repasser au pas. Deux oreilles dirigées, quelques pas, vers le chemin le plus court pour rentrer. Inviter, proposer de prolonger, les allures de son choix. Alors ce galop sauvage, volontaire, comme pour avaler plus vite les kilomètres de la terre. En descente aussi? Ok, si elle veux, on y va, c'est son choix. Cet équilibre si bien maitrisé.

Les rênes se sont depuis longtemps posées, le petit mousqueton si mignon en fonction. Des mains qui ne savent plus que faire, se poser sur les cuisses, ou bien se tendre telles des ailes dans cette envolée. Oh, et si on saluait le TGV? Ah mince, il est trop vite passé.

Redescendre sur terre, redescendre de la vitesse, un peu, simplement, un temps pour récupérer. Tourner, tourner, et déjà le chemin n'est plus celui de l'aller, le retour pointe le bout du nez. Le regard face à l'astre éblouissant, sous la caresse du vent, viens, nous deux, on va s'envoler. Pointes de chanvre qui se gondolent, toutes étonnées de nous voir si vite passées. Une tête qui se tourne au bout du champ, pour vérifier que ces géantes ne nous avait rien dissimulé.





Oui, ce chemin là, sans les mains, on le prend. Trotter sur ce bout goudronné? Pas convaincues, mais on essaie. Soudain la poigne du vent nous happe, l'ombre des arbres nous drape, le soleil s'est planqué. Douceur bienvenue pour les corps transpirants. Seule sursaut du voyage, un copain dans son pré, aparté inattendu. Salut les poulains.

Dernier chemin, à l'abri du jour. Un peu de galop, et ce trot, si vif, qui envoie tant de générosité, et d'envie de rentrer. Les vaches impassibles que pourtant elle tente d'éviter, mais dans les betteraves, une mauvaise idée.

Et soudain, déjà, on retrouve le pont, on retrouve le goudron. Le pas pour respirer. Une pomme solitaire s'est invitée là, elle ne résistera pas à la gourmandise d'une bouche libérée. Les maisons, l'église, un enfant, des chiens. L'arrêt de sécurité pour traverser la rue, et les écuries qu'on connait si bien.

Fin d'une parenthèse d'une heure, ou était-ce une journée? Des instants qui continuent encore un temps à faire battre mon cœur un peu plus fort, un peu plus présent, un peu plus vivant.



2 commentaires:

  1. Ton texte est magnifique :)
    Ta balade a dû être bien !

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    Réponses
    1. Merci <3
      Oui, ça faisait longtemps que je n'en avais pas profité à fond comme ça!

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