@cavalierrerando sur Instagram

3 décembre 2016

Acheter un vieux cheval, une bonne idée?

Cheval de club qui part en retraite, compétiteur en fin de carrière ou rescapé sauvé par une association, il existe de nombreux vieux chevaux à vendre. Mais pourquoi choisir un tel cheval? Que peut-on et ne peut-on pas faire avec un cheval âgé? Regardons ensemble si c'est une bonne idée ou non d'acheter un vieux cheval (mes lecteurs réguliers devraient déjà avoir une idée de ma réponse à cette question ;-) ).

oeil d'un cheval en gros plan avec poils blancs autour de l'oeil
Dans le regard d'un vieux cheval

Mais tout d'abord, à quel âge un cheval devient-il vieux?

Selon les auteurs, un cheval est considéré comme "vieux" entre 15 et 20 ans. Sachant que selon l'Institut français du cheval et de l'équitation (on va dire IFCE à partir de maintenant hein, c'est plus simple), l'espérance de vie est entre 25 ans pour un cheval et 30 ans pour un poney. Autrement dit, un poney peut passer plus de la moitié de sa vie en étant vieux. Le pauvre!

Pourtant, ce n'est pas cet âge en années qui va compter le plus pour faire d'un cheval un "vieux", mais plutôt son état de santé. Avec les années, un cheval (ou un poney, ne les oublions pas) peut développer des maladies diverses, certaines étant irréversibles et progressivement invalidantes. C'est le cas par exemple de l'arthrose, qui cause des difficultés de mouvement, ou de l'emphysème, source de problèmes respiratoires. Il a aussi moins d'énergie et peut être plus fragile, plus sensible au froid ou aux maladies, et se remettre moins vite d'une blessure. Ajoutons à cela que selon sa dentition, il peut avoir des difficultés à s'alimenter, et donc des risques d’amaigrissement.

Vous l'aurez donc compris, la santé d'un vieux cheval est un point essentiel à surveiller et à prendre en compte avant l'achat. Une visite véto peut donc être utile (dit la fille qui n'en a pas fait...) Comme avec n'importe quel cheval en fait!


Le travail, c'est la santé


De cette santé découlent les capacités sportives d'un vieux cheval. Si tu vises les Jeux Olympiques (ou Lamotte pour les plus intrépides), oriente-toi plutôt vers un jeune fougueux. Sinon, un vieux bien entretenu pourra bien évidemment te porter longtemps, franchir des barres, dérouler une reprise ou t'emmener en balade. Et tout ça sans t'envoyer dix coups de culs par séance ni partir vent du cul dans la plaine au premier galop en extérieur.

Il est même important de le faire travailler, pour maintenir sa musculature et même sa santé. L'essentiel est de s'adapter à ses capacités. Demander moins, ou moins souvent, est parfois nécessaire, mais il compense par une qualité que ne possède aucun jeune cheval : l'expérience.
  

L'expérience du vieux cheval


C'est pour moi l'une des plus grandes forces des chevaux âgés, et une grande raison de les choisir. Le vieux de la vieille sait lire, écrire et compter (ou presque). Il a tout vu, tout fait. C'est lui qui sera ton enseignant autant que tu seras le sien.

Acheter son premier cheval, c'est facile. Prendre soin et travailler son premier cheval, c'est effrayant. Alors un jeune, qui lui aussi a facilement peur, qui a tout à apprendre, c'est une double dose de peur et de défi. Le vieux cheval, lui, sait. Il a déjà beaucoup vécu. Il sera facilement plus tolérant, plus patient. Il connait déjà les épaules en dedans et les oxers, le trot allongé et les vaches (enfin pour les vaches, ça se discute... Hein, Jasmine?). L'expérience d'un vieux cheval peut soulager un peu notre inexpérience, compenser nos erreurs, nous rassurer aussi.

Le petit vieux n'est pas non plus seulement destiné à être le compagnon de pré de notre compagnon équin. Il pourra te faire découvrir un autre monde équestre. Nos chevaux âgés nous obligent ainsi à nous interroger sur notre pratique équestre. Que faire si je ne peux pas monter, ou moins? La découverte du travail à pieds et de la relation de complicité avec un cheval, sans selle et parfois sans licol, te conduira dans un autre univers, que tu ne voudras probablement plus quitter.

Ma "vieille". Sauras-tu deviner son âge?

Du bonheur sur sabots


Mon bonheur à moi a 19 ans (enfin jusqu'à la fin de l'année, en 2017 on prend une décennie toutes les deux). Un choix fait il y a quelques mois, en toute connaissance de cause. Une jument de club, MA jument de club, et l'heure de sa retraite. Un peu d'arthrose, mais d'une souplesse qui étonne même son ostéo. Le calme et la sagesse de ses années à former des petits cavaliers, mais un grain de folie et des "fils qui se touchent" par moments. Un mélange unique où ses années de vie la rendent plus grande, plus riche, plus complexe.

Et surtout un cœur en or, qu'elle garde bien caché mais dont je perçois parfois le pouls.

J'oublie bien souvent que ma jument est vieille, parce qu'elle est avant tout, et tout simplement, ma jument. Avec sa tête de mule et sa patience, ses douleurs et ses allures bien à elle, sa robe alezan pommelé si particulière et son petit bout du nez qui bouge. C'est un concentré de bonheur à chaque fois que mon esprit s'égare auprès d'elle.

Je la monte au final bien peu, bien moins que ce que j'aurais imaginé au départ. Mais c'est là aussi la force d'un vieux cheval : nous amener à comprendre que monter n'est pas forcément le plus important, nous montrer que les instants simples passés à ses côtés sont souvent les plus enrichissants. 

Alors, bonne ou mauvaise idée d'acheter un vieux cheval?

Pour moi, c'est une bonne idée... pour un compagnon de loisir. Si tu vises la compétition intense ou souhaite avaler des kilomètres de randonnées chaque semaine, un compagnon plus jeune sera peut-être plus approprié, mais en n'oubliant pas qu'il deviendra lui aussi "vieux" un jour.

Pour tous les autres, un vieux cheval est un cadeau, une source de découvertes étonnantes. Il ne faut pas oublier que dans "vieux cheval", il y a "cheval", et c'est ce qu'il est avant tout. Un animal complexe, sensible, multiple, avec ce petit supplément d'âme que lui confère son âge vénérable.

Alors si ton cheval de club préféré part en retraite ou si tu ne peux oublier le regard d'un survivant croisé au refuge, pense à lui, ose! Tu ne le regretteras pas!



Alors, prêt à t'engager auprès d'un vieux cheval? Ou si tu en as déjà un, qu'est-ce qu'il t'apporte?


Lectures

Pour aller un peu plus loin dans votre réflexion sur nos compagnons âgés, je vous invite à lire:
  • le blog Vision Equine, où Amaya nous partage son expérience avec Kalinka, la jument qu'elle a achetée à 19 ans et qui partage sa vie depuis maintenant 4 ans.
 
Rendez-vous sur Hellocoton !

15 commentaires:

  1. Et bein voilà, je le savais bien que ce serait un super article ! :) Plein de respect et d'amour pour nos vieux compagnons <3.

    Je ne regrette tellement pas de m'être tournée vers un vieux cheval ! Surtout pour un premier cheval. Kalinka m'a mise en confiance. Elle n'est que douceur et sagesse. Pas de performance à cet âge là, mais alors, qu'est-ce que c'est enrichissant de passer du temps à ses côtés ! Et tellement de choses sont encore possible !

    Bref, même avec les soucis qui arrivent avec l'âge, ce n'est que du bonheur chaque jour.

    Et merciii pour le lien <3 .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De rien pour le lien, tu es quand même la référence à laquelle je pense sur le sujet!

      C'est qu'on les aime nos vieux, ça c'est sûr! <3

      Supprimer
  2. J'aimerai tellement moi même pouvoir vivre tout ce que tu décris dans ton article. Si j'avais eu les moyens, j'aurai accueillit avec un grand bonheur mes "vieux" d'attelage. Heureusement pour eux, ils ont pu trouver une "famille" qui leur apporte beaucoup d'amour, de soin et de belles sorties.
    Je laisse la fougue aux autres, tout comme toi et Amaya, la sagesse m'attire bien plus.

    Très bel article, comme toujours.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te souhaite de pouvoir le vivre un jour, c'est magique!

      Supprimer
  3. Très chouette article! Bien qu') 19 ans... je ne vois pas un vieux cheval. Bien sûr, ça dépend de beaucoup de paramètres :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi, j'ai du mal à la voir comme vieille. Mais c'est plus le regard des autres qui me font "ressentir" qu'elle est vieille. Moi je m'en fiche, je l'aime comme elle est ;-)

      Supprimer
  4. J'ai choisi une jeune folle mais pour connaître beaucoup de cavalière qui ont adopté des chevaux de club ou des chevaux déjà expérimentés, je ne peux qu'approuver : je n'en connais pas une qui regrette - et leurs loulous apprécient également la vie assez douillette de cheval de loisir. Parmi ceux qui ont opté pour des jeunes, il y en a beaucoup qui suent à grosses gouttes pour mériter leur compagnon d'aventure (j'en fais parti, même si le plus dur est derrière nous ^^) !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois qu'on ne choisit pas nos compagnons équins par hasard, et que bien peu sont ceux qui regrettent leur choix.
      Mais c'est sûr que les défis à relever sont différents selon l'âge de la bête. Courage, vous allez y arriver toutes les deux. Et c'est sympa de se dire que ce que sait faire notre cheval, c'est grâce à notre travail.

      Supprimer
  5. Chaque fois que je te lis à propos de Jasmine, j'ai le cœur qui se serre car ne pas avoir pu racheter ma jument de cœur au club est et restera mon plus grand regret de cavalière... Les finances ne suivaient pas mais j'aurais tellement voulu pouvoir le faire, elle était boiteuse et avait 16 ans (ce qui pour moi n'est pas vieux, c'est aberrant de lire qu'à 15 un cheval est vieux ! Non, il est dans la force de l'âge avec à la fois le physique et l'expérience !), mais je m'en foutais car c'était ELLE et pas une autre que je voulais. Encore maintenant je me dis que je retrouverais pas chez un autre le lien que j'avais avec elle :(

    Et pourtant, je compte quand même essayer de trouver ma moitié équine maintenant qu'elle n'est plus de ce monde. MAIS je compte acheter dans ce cas là un cheval entre 7 et 9 ans (dans l'idéal). Tout simplement car je cherche le cheval d'une vie avec qui partager sa carrière sportive ET sa retraite. Je veux profiter pendant de longues années de le monter et en avoir tout autant à pied. Prendre un "vieux", ce serait risquer d'avoir moins de temps pour progresser en selle et j'avoue qu'égoïstement, je ne veux pas me retrouver à pied trop prématurément.

    Bref, pour résumer ma pensée: je trouve que les "vieux" (qui le sont pour moi qu'à partir de 20 ans)sont géniaux et ont beaucoup à offrir, mais personnellement j'en achèterais un qu'en cas de coup de cœur, d'histoire commune (comme ma petite jument de club). Sinon, je préfère essayer de m'assurer de longues années de progrès en duo avec un "jeune" (mais pas trop non plus, car ce que j'apprécie chez les "vieux" c'est comme tu dis leur expérience).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi je me suis longtemps demandé si je pourrais l'accueillir le moment venu. J'ai eu la chance qu'elle arrive à une période de ma vie où je peux me permettre de l'assumer financièrement. Je comprends que ça soit un regret pour toi, mais en même temps tu savais bien qu'à ce moment-là tu n'aurais pas pu lui donner ce dont elle avait besoin. Le choix de la raison n'est pas toujours facile.

      Je comprends aussi que tu cherches un plus jeune, surtout si tu veux partager de longues années avec lui. Je te souhaites une belle rencontre à venir.

      Supprimer
  6. Quel bel article! On sent vraiment toute la tendresse envers ta Jument. C'est beau et c'est en effet un regard neuf sur la complicité qui existe entre le cheval et le cavalier. Je suis très heureuse pour toi! A méditer...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh ça oui, même si elle m'en fait voir de toutes les couleurs, je l'adore :-) Et je découvre plein de nouvelles choses de jour en jour. Merci Marie

      Supprimer
  7. Toujours aussi passionnée ma cavaliErre ! C'est un plaisir de te lire même si acheter un cheval est à mille lieues de mes envies, tu réussis à m'embarquer avec tes mots et ton enthousiasme.
    Bises !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne désespère pas de réussir un jour de te convaincre que c'est trop bien les chevaux, il en faut au moins un dans sa vie ;-) Bises cosmiques

      Supprimer
    2. Ha, ha moi je les préfère à croquer ;)

      Supprimer