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11 septembre 2014

Randonnée au Sénégal - 2: Oiseaux chanteurs, sable chaud, plages et chevaux

Après une arrivée au Sénégal qui fut le point de départ du dépaysement pour ce séjour, me voilà partie pour une première journée à cheval, début d'une randonnée qui me mènera à la découverte du Sine Saloum. Voici donc pour vous un nouveau "Je dis voyage".




Réveil au chant du coq: bien trop tôt pour se lever. Quand le jour est venu, les oiseaux chantent, innombrables. Matin dépaysant. Chambre ronde, chaleur bercée par le ronron du ventilateur. Porte vers l’extérieur.


Dans ma chambre

Ambiance sonore


Dehors, ciel couvert, ambiance d’attente. Si, en ce début du mois de juin, le sol est sec, couvert de sable, les arbres qui s’élancent vers le ciel offrent verdure et flore aux mille couleurs. Là le jardin, couvert d’un engrais animal bien naturel dont l’odeur vient parfois nous chatouiller les narines. Bâtiments de ci de là, de briques (et de broc), petits espaces personnels au cœur de la ferme entourée de murs. Là, une famille qui mange dehors autour du feu. J’apprendrais plus tard qu’il s’agit de la famille du frère de mon guide, qui aide pour s’occuper des chevaux. Un enclos de sable pour les chevaux, à l’abri pour la nuit dans leurs box, sauf les deux étalons isolés.


Au réveil

Le petit déjeuner m’attend dans la case principale, décorée à l’image des chevaux, et derrière ses moustiquaires le monde défile. Les enfants qui passent, un chat qui m’observe, et les oiseaux, tel celui d’un rouge éclatant qui vint se poser non loin.

Et les chants… Pépiements, gazouillis, roucoulements, croassements, d’un arbre à l’autre, la partition change. Cacophonie qui devient symphonie, ininterrompue mais changée par un trille soudain, harmonie à cent voix. Fusées volantes qui virevoltent en accord avec l’air sonore, vrombissent des ailes, cri d’alarme. Des petites fusées bleues de la taille d’un pouce qui envahissent un arbre à la pie fière, le bal des oiseaux danse de concert. De la tombée du jour à la levée de la nuit, les chanteurs ailés sont éveillés.


Caramel
Doudou, mon guide, se réveille doucement, et prépare nos chevaux pour une balade matinale. Il en a huit de toutes les robes, souvent clairs aux crins foncés, mais aussi alezans ou bais. Petits et fins mais bien soignés, des chevaux d’ici privilégiés. Il me propose pour commencer de monter Caramel, petit alezan dont le physique m’évoque une ponette que je connais bien, porteuse d’un nom aux consonances orientales. Beau petit cheval musclé, juste à ma taille.

Nous quittons la maison par la petite porte, par l’arrière du village. Ici, les maisons semblent pousser au petit bonheur la chance, selon une logique qui m’est étrangère. 

Entre elles le sable, de petits buissons et beaucoup d’arbres, aussi variés que surprenants. Nombreuses les maisons d’agglos en construction ou en réparation suite à l’inondation du dernier hivernage. Parfois de simples cases de bois au toit de palme. Et entre tout cela, des chemins tracés et des animaux errants, une chèvre et ses petits, un chien, un troupeau de vaches aux cornes menaçantes. Et toujours, pour nous accompagner, entêtante et familière, la mélodie sylvicole des oiseaux.

Doudou partage alors ses connaissances du lieu et des gens, de sa douce voix à l’accent chuchotant.


Cueillette des mangues: Doudou sur Caramel
Caramel n’est pas bien pressé quand il s’agit d’avancer, mais j’apprendrais ce midi que Doudou lui donne aussi le nom de « Caramel mou ». Alors j’ai fait mes preuves, oui, je tiens à cheval sur une telle bête féroce. Il me confie alors le petit étalon gris qui répond au nom de « Molnai », le « poulain » en Sérère, la langue du peuple de Doudou et la plus parlée dans cette région du Sénégal. Bien plus d’énergie, ce Molnai! Alternance d’allures. Doudou utilise la hauteur de sa monture pour cueillir des mangues parfaitement mûres directement sur l’arbre. 

Les arbres s’arrêtent, et soudain le silence, détonnant. Les oiseaux restent à couvert.

Grand espace de sables et de buissons bas, marron et secs. Pistes qui se croisent et se décroisent. Galop. Pas. Galop. Pas. Conversation. Étendue d’eau dans le prolongement de l’étendue de sable, c’est le delta du Sine. Au loin, reflets inattendus. Plus près, structures de terre percées d’ouvertures, à hauteur d’homme : termitières.

Doudou, grand bavard qui toujours questionne, partage et s’intéresse. Toujours cet espace dégagé, mais retour vers les arbres, guidés par l’instinct des chevaux, et retour au bercail. Molnai est bien un étalon, c’est confirmé, il salue les juments d’un hennissement sonore et danse sur place.

Molnai dans la cour de la ferme

Pause de midi. Temps lourd qui menace, air moite, chaleur épaisse, nuages sur le ciel. Seul le vent vient adoucir ce moment. Et, éveillées par le vent, les feuilles des palmiers résonnent comme de lourdes gouttes d’eau sur un toit de verre, pluie sonore sans eau.


Menu local dans la case : crevette à l’ail et aux épices, riz au poisson aux légumes connus et inconnus, et mangue. Repos bien mérité pendant les heures de chaleur.


Randonnée sur le sable


Fin d’après-midi, ciel qui grisaille, mais toujours chaleur. C’est reparti avec Molnai le gris, et Doudou sur Caramel. Traversée du village, où les abris poussent avec anarchie. Tout ici laisse comme une trace de « pas fini », comme si chaque jour on repoussait les finitions à demain. Les déchets aussi semblent habiter le bord de la piste, tout comme les chèvres et leurs petits.

Nous retrouvons les tans, ces grands espaces de sable ponctués d’une herbe sombre par plaques, et ces trous soudains dans le sable. Mieux vaut suivre les pistes, mais difficile d’anticiper les choix de Doudou à chaque croisement.


Rougeurs sur la route
Alternance encore d’un pas confortable et d’un galop infatigable, léger et régulier. Le vent me semble doucement porter une humidité marine, mais sans océan à l’horizon. Echange sur nos histoires de vie, choc des cultures. Doudou et ses idées bien arrêtées sur les « Occidentales » et leur caractère bien exigeant à son goût, Doudou et sa vision du couple, Doudou et sa vision du monde.

Autour de nous, toujours tant d’espace, ponctué par les baobabs aux formes biscornues et parfois un troupeau de vaches. Même le sable joue sur les couleurs, parfois s’étendant l’espace d’un passage vers le rouge irisé d’un coucher de soleil.

Bientôt l’eau autour de nous, là ou le sable s’abaisse par endroits pour lui laisser la place. Et avec l’eau les oiseaux. Galop sous un vol de flamants, roses aux yeux de Doudou et de qui veut bien croire en sa vue perçante. Au loin des pélicans, plus près des flamants qui n’ont pas fini de bronzer, reconnaissables avec leur allure longiligne et leur cou sinueux.


Au loin les Hommes

Et petit à petit s’élève un grondement, éternel recommencement, et une odeur iodée qui doucement s’impose. La piste guidée par son enfilade de poteaux électriques, qui longe à quelques dizaines de mètres la mer. Autos brinquebalantes et cahotantes, et ces motos vives et remuantes à deux passagers qui sont en fait des taxis.

Piste de sable, à gauche les étendues d’eau intérieures qui accueillent les oiseaux et parfois une colonie de crabes violonistes qui semblent se couler sur le sol, à droite légère pente herbue qui dissimule le géant d’eau qui inlassablement nous envoie ses cris et ses odeurs. Au loin, horizon arboré qui signale les abris des hommes. De petits bateaux longs et plats sont rangés, bien alignées et arborant fièrement leurs noms et couleurs, face à celle qu’ils vont braver chaque jour.




On croise parfois un baigneur local qui affronte les rouleaux, mais plus souvent ici ce sont les cocons qui fouillent sol et débris. Toujours cette impression d’inachevé dans les habitations, ici à quelques mètres de la mer, comme si les Hommes s’arrêtaient à construire le suffisant. On croise parfois dans ces abris de fortune un cheval ou un âne, et sur la plage des gens qui nous saluent.

Car nous avons rejoint cette étendue de sable, et les vagues brisées viennent lécher les sabots de nos montures. Vertige un instant, quand le flux et le reflux vous font vous interroger sur la rectitude de la trajectoire empruntée.

Au revoir au village, seuls sur la plage, valse à trois temps. Sur le sable, les coquillages et les algues. Moments de récupération et reprise du rythme.

Dernière distance, on fait la course. Générosité. La percussion régulière du ta-tata, ta-tata, ta-tata des sabots sur le sable humide répond en contrepoint au roulement des tambours marins. Réduction de l’univers dans un espace infini.


Un soir seuls sur la plage

Voilà déjà notre campement pour la nuit, cases de paille avec le confort tant apprécié d’une douche pourtant spartiate. La pression n’existe que si la pomme de douche est assez basse, gymnastique en salle de bain. Et le réglage de la température n’existe pas. Pourtant, le réglage imposé est parfait pour se rafraîchir.

Après un repas qui conjugue le poisson local au plaisir universel des frites, mon repos sera bercé par l’inlassable roulement de la mer.



Voilà qui clot ma première journée à cheval au Sénégal, mon premier galop tant attendu sur une plage. Une journée totalement, complètement dépaysante, une impression d'avoir découvert un autre monde, mais une sérénité et du repos associés. Alors, qui veut galoper sur cette plage?


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2 commentaires:

  1. Wahou, quel voyage, quelle liberté !
    Et ça doit être tellement passionnant d'échanger de choses et d'autres avec des gens que l'on ne connaît pas et surtout, qui viennent d'un tout autre horizon que le nôtre :) .

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  2. C'est vrai, c'est très passionnant et vraiment enrichissant de découvrir d'autres personnes et leur culture. Surtout que la culture sénégalaise est très différente de la notre.

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